Avec Aloyse Launay et Salomé Benoist, nous travaillons depuis déjà quelques temps sur un projet qui nous tient beaucoup à cœur, un piano à cocktail. L’idée du pianocktail apparaît dans « L’Écume des Jours » de Boris Vian (1947), c’est un piano qui produit un cocktail quand on joue un morceau dessus, dont la saveur est sensée être en lien direct avec le morceau joué.
« A chaque note, dit Colin, je fais correspondre un alcool, une liqueur ou un aromate. La pédale forte correspond à l’œuf battu et la pédale faible à la glace. »
Le Pianocktail, extrait de « L’Écume des Jours » sur le parafe.fr
Associer une note à un ingrédient nous a tout de suite semblé trop simple, on avait envie de faire un piano à cocktail véritablement onirique et surprenant. Alors nous avons décidé de revisiter complètement le concept et de proposer une version qui nous est propre.
Nous avons conçu un algorithme d’analyse musicale et de génération de cocktail qui utilise le flux du clavier MIDI de notre dispositif pour tirer des informations du morceau. Vous jouez Au Clair de la Lune avec un seul doigt ? Vous avez de grandes chances d’obtenir un cocktail très sucré à base de grenadine. Une harmonie complexe et jazzy ? Sans doûte un peu d’acidité et de curaçao. Un morceau atonal improvisé à quatre personnes qui tapent du poing sur les touches ? Une mixture plus… chargée.
Après pas mal de recherche et de développement de notre petit algorithme, les résultats sont encourageants. Deux personnes jouant le même morceau, mais avec chacune son interprétation, obtiennent deux recettes de cocktails quasi-identiques à, disons, un ingrédient près. Seul hic pour l’instant : notre algorithme semble avoir une prédilection pour le champagne, qui tombe en premier ingrédient dans plus de 50% des recettes… Autant dire que ça va coûter cher.
Le programme à venir : désembourgeoiser le dispositif, réaliser un micro-prototype mécanique avec une Arduino et quelques pompes péristaltiques.